Cher Julien,
Toi qui as incarné avec brio notre Elvis Gratton national, tu es parti au moment même où quelque chose d’immense se prépare au sud. « Ils l’ont l’affaire les Amaricains! » ; « Think big, ‘sti! ». Tu vas voir.
C’était déjà gros de voir Trump au pouvoir pour une première fois; mais une deuxième fois, c’est la totale. Ton Elvis immortel demeure un grossier personnage, mais comme Hollywood l’a bien compris, il y a toujours moyen de faire plus gros. La fiction a rattrapé la réalité.
Les USA n’ont pas fini de s’harmoniser entre eux qu’ils veulent maintenant annexer le Canada, renommer le Golfe du Mexique, s’approprier le Canal de Panama et planter un drapeau au Groenland. La Chine gruge l’indépendance de Taiwan, Israël dévore Gaza, la Russie pilonne l’Ukraine. Mais il faut voir encore plus grand : c’est la grande Amérique avalée par un mégalomane, rien de moins.
Une joke? J’entends d’ici le rire bien gras de la part de ceux qui ont été invités à la table du pouvoir républicain, un rire teinté de narcissisme, qui ne voit la beauté que dans sa propre image, un sarcasme imprégné de mépris, qui rabaisse pour se donner l’illusion de la grandeur. Comme ceux du Beaver club d’Au temps des bouffons de ton ami Falardeau, mais à l’américaine.
Pour être le « King », ça ne prend plus maintenant quelques millions, mais bien des centaines, jusqu’aux milliards. C’est un « must », à la hauteur des ambitions de Musk. Le roitelet fait mine, en bon père de famille de l’humanité, de vouloir mettre fin à la guerre, ici et là, mais l’échiquier est déjà prêt pour la guerre économique, à pièces inégales. Pour échanger sur le territoire de sa Majesté, il faudra payer son prix (25%).
Mon cher Julien, tu es mort, mais ton « Elvis » est toujours vivant pour nous rappeler le grotesque de la folie des grandeurs de notre impérialiste voisin. L’art d’en profiter en profitant de l’autre, l’art d’intimider ceux et celles qui se montrent vulnérables, l’art d’empoigner ce qui ne nous appartient pas sans demander de permission à personne, l’art d’échapper aux tribunaux… Au risque de manquer de magnanimité, il n’y a qu’un mot qui me vienne à l’esprit pour caractériser ce caractère dominateur sans mesure. Non, ce n’est pas « big », mais « minable ».